Droits des femmes : l’ACCN, l’A-CDC et Chorégraphes associés récusent les propos de Karine Saporta

Droits des femmes : l’ACCN, l’A-CDC et Chorégraphes associés récusent les propos de Karine Saporta


© Christina Kirschnerova

Récuser les propos tenus par la chorégraphe Karine Saporta lors de son audition par la Délégation
aux droits des femmes du Sénat le 16/05/2013, tel est l’objet du courrier adressé
conjointement par l’ACCN (Association des Centres chorégraphiques nationaux), l’A-CDC (Association des Centres de développement chorégraphique) et le syndicat Chorégraphes associés
à la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin, présidente de la Délégation aux droits des
femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.


 

A l’attention de Madame Brigitte Gonthier-Maurin, Présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat.

Paris, le 16 octobre 2013

Chère Madame,

Madame Karine Saporta a été auditionnée par la Délégation aux droits des femmes du Sénat le 16 mai 2013. Nous tenons à souligner qu’elle s’y présente en tant que présidente fondatrice de l’Association des Centres chorégraphiques nationaux et en tant que présidente de la commission Danse et vice-présidente de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), alors même qu’elle ne tient plus de rôle aujourd’hui au sein de ces deux organismes.

Les artistes et professionnels du secteur chorégraphique que nous sommes ne partageons ni les différents points de vue exposés par la chorégraphe, ni l’ensemble de ses préconisations.
Le regard porté par Karine Saporta sur l’histoire des femmes dans la danse comporte de nombreuses erreurs et des raccourcis, son approche partielle et subjective ne saurait être confrontée à une véritable analyse critique. Nous sommes choqués de la façon dont elle utilise l’histoire pour servir son propos, et particulièrement de la victimisation des femmes et du sexisme exprimé à l’égard des chorégraphes masculins.
Quant à sa lecture de l’histoire récente, projetant une éviction notable des femmes à partir des années 1990, elle est non seulement fausse (certains de ses contemporains masculins n’ont pas été moins épargnés au cours de leur carrière), mais elle est aussi dangereuse. Insinuer un lien entre l’épidémie du sida et donc a fortiori un lobby homosexuel masculin, et une disparition des femmes au sein des programmations et à la tête des institutions est une posture insoutenable.
Ainsi, les exemples donnés par Karine Saporta contiennent de nombreuses contre-vérités, tant il est vrai, que chaque situation est singulière et ne peut-être considérée uniquement à travers le prisme d’une domination masculine.

D’amalgames en amalgames, cet exposé sert la division plus que la réflexion, et ce qu’il défend ne ressemble en rien à la vision que nous avons pour notre art.
Cela étant, il est vrai que les femmes sont aujourd’hui très inégalement représentées à la tête des structures que nous représentons (3 directrices sur les 19 CCN / 4 directrices sur les 9 CDC). Ce constat est sans appel et constitue, notamment pour les CCN, une régression notable par rapport aux années 80.

C’est pourquoi, le débat sur la parité qui est actuellement au cœur des réflexions dans l’art et la culture et dans nos professions nous concerne au plus haut point. Mais il mérite une analyse qui dépasse les considérations personnelles, au risque d’en limiter les enjeux.

Nous serions heureux de pouvoir nous entretenir avec vous et l’ensemble de la Délégation à ce sujet, afin d’apporter notre contribution et notre éclairage.

En vous remerciant de votre attention, nous vous prions d’agréer, chère Madame, l’expression de nos respectueuses salutations.

L’ACCN – Association des Centres chorégraphiques nationaux
L’A-CDC – Association des Centres de développement chorégraphique
Le syndicat Chorégraphes Associés

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