Billet d’humeur: Lettre aux Institutions

Billet d’humeur: Lettre aux Institutions


© Charles Deluvio

Communiqué de presse édité le 17/10/2019

Chères institutions,

celles qui permettent que la danse existe, qui accompagnent ou soutiennent les artistes… Et les autres…

Nous voudrions soulever un lièvre de belle taille. Tout à votre intérêt sans cesse renouvelé pour le jeunisme, l’émergence et autres nouveautés, vous oubliez un point non négligeable. Même les jeunes ne restent pas éternellement jeunes. Ils prennent de l’âge, ils mûrissent, ils peaufinent leurs expériences.

Alors nous qui avons été jeunes, qui avons pris de l’âge et accumulé de l’expérience nous constatons que quoique nous existions, que nous créions, que nous prenions toutes les demandes d’Education Artistique et Culturelle (EAC) en charge comme les autres, nous ne semblons pas exister. Nous percevons un discours sous-jacent, mais bien présent, insidieux. Celui-ci nous suggère de dégager, de nous débrouiller, de ne pas faire de vague…
Bref un déni d’existence. On ne servirait à rien ?

Nous tenons à vous dire que nous existons, que nous créons, que nous servons modestement d’interlocuteur.trice.s à de plus jeunes et moins expérimenté.e.s que nous, que les rencontres intergénérationnelles sont fécondes pour tous, eux et nous, que nous sommes des relais dans l’histoire de la danse, même si c’est la part peu visible, c’est bien nous, qui œuvrons au jour le jour sur le terrain qui assurons un terreau vivace et fertile dont tous peuvent profiter.

Loin du star-système qui n’est pas notre tasse de thé, nous avançons, nous cherchons, nous rencontrons, nous croisons les arts et les sciences, bref nous existons, nous travaillons, nous œuvrons.

Alors cette absence de reconnaissance de notre travail, voire ce déni d’existence, nous pèse singulièrement. Nous ne sommes pas utilisé.e.s à nos niveaux de compétences et encore moins rémunéré.e.s à cette aune là. Nos salaires étant restés les mêmes qu’en début de carrière ou presque, on peut dire que nos moyens sont restreints. Mais ce n’est pas le plus inconfortable, quoique nous ne cracherions pas sur un peu de confort, le plus dur c’est d’être souvent renvoyé.e.s à notre âge comme à un handicap, à nos rides comme à des incapacités de créer, de produire, de rencontrer, d’inventer.

S’il vous plait, prenez le temps de nous rencontrer, d’échanger, de nous accompagner, d’envisager avec nous quel relais nous pourrions faire et s’il vous plait, nous sommes créateur.trice.s, pas formateur.trice.s, animateur.trice.s, écoutez-nous, soutenez-nous là où sont nos compétences, nos possibilités.

Avec nos remerciements.

J.C. Bleton, M. Lelièvre, N. Macleay, I. Magnin. P. Manigaud, D. Mayemba, I. Paez, S. Pitou, F. Rahmouni, Chorégraphes et membres du Conseil d’Administration de Chorégraphes Associé.e.s