Lecture et définition : Friches, Tiers Lieux

Lecture et définition : Friches, Tiers Lieux


© Christopher Burns

* La friche, l’usage et la norme

La norme, pour les lieux intermédiaires, c’est d’abord l’ennemi. Qu’elle s’incarne sous la figure des règles régissant l’accueil du public – norme ERP – , de l’institution de la propriété individuelle, qu’elle soit publique ou privée, du strict partage entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage qui régit le rapport à la construction et à la reconversion des lieux ou encore dans les lignes 131 et 224 du ministère de la Culture, opérant le grand partage entre la création artistique et l’action culturelle, c’est d’abord dans un heurt que nous allons à la norme, comme ce qui nous empêche. A cette normativité, nous opposons l’usage, nous opposons des manières d’user des lieux que nous occupons, nous opposons des savoir-faire constitués par l’usage, et des usages déposés dans des pratiques. Nous revendiquons un droit d’usage, constitué en commun(S) dans notre rapport à l’espace ; nous revendiquons une maîtrise d’usage à côté de la maîtrise d’œuvre et de la maîtrise d’ouvrage, depuis laquelle opère notre capacité à habiter et reconvertir les espaces que nous occupons. Nous opposons à la valeur d’échange la valeur d’usage des espaces que nous occupons, laquelle nous permet de développer nos modèles économiques sur la base d’un engagement réciprocitaire fort dans la gestion en commun de ces espaces, garante de leur disponibilité à l’usage…


* Tiers-lieux : un modèle à suivre ?

Il y a dix ans, l’Observatoire consacrait son dossier à un concept en plein essor, celui de villes créatives, en proposant une lecture controversée du phénomène : utopie mobilisatrice ou concept marketing ? C’est dans une tonalité assez proche que nous abordons le concept florissant de tiers-lieu : faut-il voir dans cet engouement un effet de mode ou la figure d’un nouvel âge pour les institutions et les politiques culturelles? Nouveau modèle ou miroir aux alouettes ? Le fait que de nombreuses collectivités soutiennent aujourd’hui l’émergence de tiers-lieux sur leur territoire et que la société civile participe également à cette aventure pose nécessairement la question de la promesse dont ils sont porteurs : le tiers-lieu serait-il un modèle de sortie de crise ? Si tel est le cas, le secteur culturel peut-il (veut-il ? doit-il ?) se l’approprier ? La greffe peut-elle prendre… ?

Plus d’infos / RevueObservatoire N° 52 été 2018