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  • Billet d’humeur d’Yvon Bayer, suite au débat Chorégraphe, ta gueule! à Avignon

    Billet d’humeur d’Yvon Bayer, suite au débat Chorégraphe, ta gueule! à Avignon

    Mardi 22 juillet 2014 11h00 à 13h00 avec la SACD au Conservatoire

    Nous nous sommes retrouvés une vingtaine, chorégraphes pour la plupart mais pas que, ce mardi 22 juillet 2014 dans la cour du conservatoire d’Avignon, à l’ombre d’un grand marronnier pour échanger sous l’impulsion, les propositions de l’équipe des Chorégraphes Associés.

    « Chorégraphe ta gueule! » en était le « mot d’ordre », le cri de ralliement, l’expression tonique… et tonifiante pour échanger sur les questions liées à notre profession, qui si elle n’en demeure pas moins essentielle dans le milieu de la création du spectacle vivant, ( j’élargis le domaine proprement chorégraphique car bon nombre de chorégraphes sont associés aux créations lyriques, circassiennes, théâtrales, musicales, de spectacles de rues… bref dans tous les domaines du spectacle vivant) se trouve dans la situation tant juridique, professionnelle et, disons, médiatique de la profession, reléguée en « seconde » zone, quand il ne manque pas carrément de législation alors que les musiciens, par exemple, jouissent d’une reconnaissance évidente… !

    Il est indéniable que la profession même de chorégraphe est certainement moins définie, moins clairement cernée que celle de compositeur….

    Pourquoi cette différence, pourquoi une hiérarchie apparente dans le pays où le roi Louis, le quatorzième, avait ouvert une académie de danse…avant celle dédiée à la musique ! Bon, le roi était danseur, ceci explique cela, mais ce n’est pas une raison pour avoir, avec le temps discrédité, en quelque sorte, la danse vis à vis de la musique.
    Là, je me mets à penser que si j’évalue les décennies de mes activités de danseur et de musicien je peux constater que l’environnement de la danse est plus féminin alors que celui de la musique est masculin et là on a une autre explication qui rejoint une tendance générale… dans une société qui demeure assez machiste !
    Raison de plus pour pousser « une gueulante ! »

    Un grand nombre des personnes présentes sont « plus ou moins » sexagénaires, donc ont vécu leur périodes intenses de travail dans les années 80/90, année de l’effervescence de la chorégraphie dite contemporaine. Personnellement étant arrivé à Paris en 1983, j’ai bien vécu cette circulation, ces opportunités de montrer son travail, de rencontrer les collègues, la presse, les curieux….et aussi les « pros »grammateurs !

    Il est une constante dans les désirs qui se manifestent, on pourrait dire de toute part ou de tout bord, c’est celui de constituer des réseaux, rejoindre certains existants. Après les années d’explosions, d’émergences des chorégraphes, des compagnies, des centres… une forme pointe, avec force sa nécessité, celle de rassembler, de se rassembler. Car on voit bien qu’à terme avec la profusion des artistes et la restriction des budgets, un rassemblement des idées, des énergies, des compétences pourra donner plus de sens et de poids aux souhaits qu’accompagnent chacun d’entre nous de continuer à présenter son travail.
    Et c’est à cet endroit que l’on pourrait situer les Chorégraphes Associés. Qui, à juste titre, insistent pour que d’autres chorégraphes les rejoignent, rejoignent leur groupe de réflexion, d’investigations, de revendications…de coup de gueule !

    Nous avons échangé sur la formation, les diplômes, l’accompagnement, les démarches administratives et leurs complexités, leurs lourdeurs, les droits d’auteurs…

    « Chorégraphe ta gueule!» m’a tout d’abord rappelé une scène vécue il y a une vingtaine d’année à Paris, au « Théâtre 18 » à l’époque, nommé ensuite « l’étoile du Nord »), lors d’une programmation autour de la danse il y avait un débat/discussion et avant d’assister à ce débat je surprends deux protagonistes de ce débat ( l’un s’occupant de programmation l’autre journaliste « spécialiste » de la danse….) dire : « Ah il faut bien prendre la parole pour ces danseurs, qui ne savent pas parler…. » . Mon sang n’a fait qu’un tour et je me suis demandé pourquoi des « spécialistes » ( de quoi?…) devaient parler pour d’autres et à contrario pourquoi, parfois, les danseurs ne peuvent pas parler…?

    Pour ma part j’ai assez vite mis le doigt sur un point qui est sans doute, à mon avis, une «exception» française, dans laquelle est certainement inscrite «l’Exception Culturelle». C’est celle du pouvoir pyramidal qui induit une attitude particulière tant collective qu’individuelle.
    Depuis les trente années que j’habite en France je suis étonné toujours de constater que nous vivons dans une « démocratie » où la hiérarchie, le privilège, le rang, le degré de fonction sont les éléments essentiels du fonctionnement de cette démocratie, cette «république ». Une majorité peut être constituée par un groupe minoritaire…. dit comme cela c’est un contre-sens, et pourtant, voyez les dernière élections!

    Moi qui vient d’un pays qui est une monarchie, aux élections : pas de majorité, mais la proportionnelle, et un gouvernement n’est constitué qu’à partir du moment où toutes les parties sont d’accord, c’est à dire quand toutes les parties ont accepté leurs concessions. Et là pour moi c’est un point essentiel de la démocratie : accepter de faire des concessions pour partager un ou des pouvoirs. Vous voyez, le pouvoir n’est pas l’affaire d’un groupe constitué, d’une personne, mais de l’ensemble.

    Si je dis cela c’est sans doute et sûrement parce que j’ai envie, enfin, de rejoindre le groupe des Chorégraphes Associés, mais s’ils tentent de fonctionner de cette manière de « partager » le pouvoir, si pouvoir il y a, ne serait ce que celui de faire évoluer la pensée, les idées, les situations.
    Mais je sais aussi que ce partage nécessite un recul, une mise à distance au «vestiaire» de ce qui caractérise l’artiste : son ego!
    Et si de constater que la plupart des personnes constituant ce groupe sont sexagénaires, c’est qu’arrivé à cet âge l’ego n’est plus cette force vive qui habite le «jeune» créateur, mais que cette énergie vitale s’éveille sous d’autre aspect et là j’ai envie de dire que c’est une responsabilité qui nous incombe de porter en groupe ce que nous voulons défendre pour tous.

    Mais il est important que tous les âges soient représentés, comme ce fut le cas lors de cette réunion.

    Une première question : Où en êtes-vous, en sommes-nous…où allez-vous, allons-nous?

    Après un tour de table je me suis dit qu’il y avait une diversité d’êtres, bien sûr, mais aussi et surtout de situations. Diversité pour des êtres concernés et impliqués dans la création, là c’est logique, je pense que le propre de tout créateur est d’être singulier et de pouvoir développer cette singularité pour ouvrir le champ des langages en quelque sorte, diversifier les points de vue.
    Quand à la diversité des situations elle renvoie justement à l’utilité d’un collectif de chorégraphes.

    Les moyens de travail, les perspectives de développement, sont toujours tributaires d’une forme de «reconnaissance» dont le chorégraphe, et sa compagnie sont l’objet. ….. et justement je pense qu’il est primordial que cette « reconnaissance » soit diversifiée et essentiellement associée au contexte, à l’environnement du chorégraphe, de sa compagnie, plutôt que de tenter à tout prix (et à quel prix parfois) de vouloir rejoindre la sphère, très réduite, des chorégraphes « élevés » nationalement.
    Le travail de terrain reste pour moi la référence en terme de «popularisation», dans le bon sens du terme c’est à dire à la portée de tous, et ainsi participer à l’émancipation non seulement du public mais aussi des artistes. Kodaly disait : «L’éducation musicale de l’enfant commence 9 mois avant la naissance… de la mère! ». Il est évident que plus loin remonte l’approche, plus profonde demeure l’acquisition et la faculté d’ouverture de l’être.
    Ceci dit, de nouveau à cet endroit, également, la construction pyramidale du pouvoir…et donc du savoir, tente à éviter la prise en route de ses chemins qui à mon sens sont les tracés indispensable à la formation, à la compréhension et l’acceptation, entre autre, des différences… source de tellement de conflits à notre époque. En bref je pense que le plus gros travail à faire «tous azimuts» est de batailler contre l’ignorance, le repli sur soi…aussi bien sur ses doutes que sur ses certitudes.

    C’est sans doute à cet endroit qu’un collectif peut attirer l’attention des personnes en poste. Mais il nous faut travailler, échanger et construire.

    – C’est dans ce sens que j’ai évoqué à un moment donné la possibilité pour des programmations d’intégrer des premières parties. Proposer à des compagnies «confirmées», c’est à dire qui sont bien soutenues par «les pouvoirs», d’intégrer à leur présentation une compagnie moins soutenue. L’idée est de donner la possibilité à des compagnies plus modestes, mais qui ont une démarche, d’être présentes sur la scène artistique. En fait il s’agit de mettre en place une concertation entre le collectif de chorégraphes (qui fait la proposition), le lieu de programmation (municipalité, théâtre ou festival), la compagnie «reconnue» programmée et la compagnie «émergente».

    – Il est intéressant de constater que ces dernières années ont vu fleurir ici et là des actions chorégraphiques et ce dans l’espace public, dans des gares, sur des places. Ces actions «surprises» ont généralement suscité une joie, un enthousiasme de la part des personnes subitement prises à parti dans l’élaboration de ces actions.
    Une des plus grandes facilités de produire du visible est d’occuper un espace, quel qu’il soit. Et la danse n’a cessé de proposer d’investir les espaces qu’ils soient proches, accessibles ou inatteignables…. (surface verticale, toitures, utilisation d’engins…). C’est même une des préoccupations principales des chorégraphes contemporains car «l’occupation» d’espaces libres, ouverts, représente une prise de position et affirme la liberté et l’indépendance de ceux qui l’investissent. C’est un acte politique.

    Développer le développement de l’officialisation, le rôle et le poids de l’institution, les outils mis à disposition….

  • Compte rendu du 1er débat à Avignon, du 21 juillet 2014

    Compte rendu du 1er débat à Avignon, du 21 juillet 2014

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    © SCA

    Lundi 21 juillet 2014 16h00-18h30

    Un chorégraphe peut-il être à la direction d’un équipement culturel pluridisciplinaire?

    Cette table ronde organisée dans le cadre du festival d’Avignon a été très riche. Les grandes lignes qui en ressortent sont que les acteurs de la danse sont trop discrets. Tous s’accordent sur la nécessité d’avoir des artistes à la direction des lieux, même si tous aussi reconnaissent qu’il est très difficile de mener de front les deux fonctions (auteur et directeur). L’idée qu’il serait temps de penser autrement les rapports artistes, société, institutions semble une urgence.

     

    Invités : Philippe Boronad, Christophe Haleb, Didier Deschamps et Daniel Larrieu.
    Modératrice Micheline Lelièvre

    Après une présentation du syndicat des Chorégraphes Associés par Jean Christophe Bleton, co-président, Micheline Lelièvre, co-présidente, introduit le débat en lisant un texte extrait du  Portrait de l’artiste en travailleur  de Pierre Michel Menger. (voir annexes *)

    Chaque invité se présente :

    Daniel Larrieu (DL) danseur, chorégraphe, directeur du CCN de Tours pendant 9 ans, actuel administrateur de la danse à la SACD, ayant ainsi un accès direct aux difficultés et au statut d’auteur

    Didier Deschamps (DD) danseur, chorégraphe, après avoir été directeur d’étude d’un conservatoire, inspecteur puis délégué à la danse au ministère de la culture, directeur du CCN de Nancy pendant 11 ans, et depuis 3 ans, directeur du théâtre National de Chaillot à Paris

    Christophe Haleb (CH) chorégraphe et directeur artistique de La Zouze cie Christophe Haleb depuis 1993, vit et travaille à Marseille depuis 11 ans, initie Dans Les parages, un laboratoire artistique et sociétale (contre-espace interdisciplinaires)

    Philippe Boronad (PB) comédien, metteur en scène, directeur de compagnie et co-directeur artistique du Carré à Sainte Maxime.


    Question : Quel profil doit ou devrait avoir un directeur de lieu pluridisciplinaire ?

    PB souligne que artiste et directeur sont deux fonctions distinctes. Le chorégraphe dirigeant le plus souvent une compagnie, il a donc vocation à diriger un lieu.

    CH pose la question suivante : pourquoi serait-il important qu’un chorégraphe dirige un lieu et pourquoi y en a-t-il si peu ? La danse travaille les choses en profondeur et en transversalité, la désertion des lieux, des scènes conventionnées, des scènes nationales par des chorégraphes est peut-être liée à comment est abusé le terme de direction et comment sont pensés, accaparés les lieux aujourd’hui! Il met ainsi en relief l’articulation entre inventer un projet, entre l’artistique, le politique et l’environnement. Il parle d’envie d’un objet autre que ce qui existe, plus collectif et interdisciplinaire.

    – Pour DD il n’y a pas de profil type pour un directeur, cela serait réducteur. Un lieu de l’art est un lieu de singularité et même s’il existe des formations, elles ne sont pas le passage obligé pour diriger un lieu. Certes il est nécessaire d’avoir des compétences spécifiques, mais comme on ne peut toutes les avoir, il faut s’entourer d’une équipe et savoir déléguer et se méfier des circuits tout tracés. Il faut tout d’abord avoir envie de construire un projet.

    DL retourne la question et se demande quelles compétences ont les directeurs de salle, les programmateurs pour apprécier la danse, inviter des chorégraphes ou diriger un lieu pluridisciplinaire ? Il relève que la parole de la danse n’est pas prise en compte par le pouvoir, car à la différence de ceux qui parlent, les chorégraphes sont ceux qui savent écouter. Pour lui l’usage de la danse est déjà une pratique pluridisciplinaire. C’est un lieu de partage et d’écoute, mais il faudrait nous laisser le temps et la place pour le faire.

    PB rappelle que les théâtres étaient auparavant des maisons dirigées par des artistes, puis par des administratifs et à présent il existe des formations pour diriger les lieux. La question est, quelle est la plus-value qu’apporte un artiste à la direction d’un lieu ?
    Il est certain que le temps de la direction et celui de la création sont deux temps très énergivores, d’où la nécessité de travailler en équipe.

    CH constate que de nombreux lieux sont en fait des lieux de contrôle de la forme, du langage. Il questionne comment garder la danse vivante dans la situation actuelle ; La danse doit se montrer, s’activer, se distribuer, il faut aller chercher dans de nouveaux lieux, ouvrir. La créativité collective, le capital humain, l’économie humaine, le patrimoine vivant seraient une manière de renouveler le paysage actuel des lieux et des espaces.

    DD rappelle que la responsabilité se partage entre divers aspects lorsque l’on dirige un lieu qui reçoit de l’argent public : la part de l’administratif est de plus en plus lourde, il faut assumer un choix de programmation (recoupement de différentes sensibilités qui se rejoignent sur une ligne donnée), le défendre, le mettre en lien avec des publics…
    Il déplore qu’historiquement la danse soit toujours peu ou prou la petite sœur du théâtre et de la musique. Il existe toujours des écarts économiques importants entre les disciplines. C’est l’administration qui met des séparations entre les genres, alors qu’il y aurait beaucoup à partager. Il est nécessaire de changer les mentalités.

    ML rappelle que la question posée par Chorégraphes Associés venait d’un constat : il y a très peu de chorégraphes qui dirigent des structures pluridisciplinaires, est-ce que l’on n’en a pas envie, que l’on estime ne pas en avoir les compétences ?


    Question : quel est le rapport entre création et direction ?

    PB que l’on soit artiste ou non, il faut être capable de poser une expertise sur le travail artistique des autres artistes, et mettre en lien, en adéquation des œuvres et un territoire. Pour lui, la question de la pluridisciplinarité ne se pose plus, car elle est très actuelle : la danse, le théâtre, la musique se mêlent dans les projets qui ne se définissent plus par un genre spécifique.
    Son désir de diriger un lieu vient d’un désir d’aventure, de « rêver les choses », d’être en équipe, de rencontrer un public. Comme il dirigeait déjà une compagnie, il lui a semblé naturel de se donner les moyens de diriger un lieu, d’où le projet du Carré à Sainte Maxime.

    CH propose de revoir l’organisation des lieux de spectacle devenus inhabitables pour les artistes et les équipes. Face à la logique de management qui l’emporte sur la fabrication de l’art, la situation de crise politique et de gouvernance révèle que les choix économiques et les choix esthétiques, les critères de rentabilités et de formations des publics, le contrôle des corps, des formes, des travailleurs du spectacle et le contrôle des goûts sont liés. Il constate la séparation qui est faite systématiquement entre le spectacle et la dimension du travail de l’art. Pour lui, il y a des temps pour infuser, rechercher et des moments de présentation. Il pense que chaque discipline peut émanciper une autre discipline, c’est en cela qu’il estime qu’il faut plus penser en termes d’organisation qu’en termes de direction et que c’est en cela qu’il faut faire confiance à l’intelligence collective. C’est ce qu’il expérimente avec sa compagnie et le laboratoire, Dans les parages, le lieu dont il a la responsabilité.
    Par ailleurs, il pose la question du public : qu’est-ce qu’un public? Comment reprendre contact avec sa part de créativité et d’invention?

    DD rappelle qu’il est nécessaire d’avoir un retour vers le public lorsque l’on reçoit de l’argent public.
    A la question de savoir si l’on peut créer et diriger, il évoque la difficulté qu’il a éprouvée à mener les deux projets de front. Il l’a fait une fois à Nancy, mais il trouve très difficile à la fois d’être disponible dans son corps et dans sa tête pour la création artistique et d’être mobilisé sans cesse par d’autres points inhérents à la direction.

    DL déplore qu’il n’y ait pas de lieu où l’on s’intéresse à la construction et à l’écriture de la danse. Il serait nécessaire d’aborder l’écriture, les écritures des œuvres. Il y aurait tout un travail à effectuer à cet endroit.

    CH revient sur la question du public, comment le rencontrer, susciter l’attention par delà les pratiques amateurs. La danse contemporaine invente de nouveaux objets, de nouvelles écritures qui renouvèlent le regard du spectateur, accompagnent le bouleversement des formes. La danse est porteuse de métamorphoses. Réinventer des lieux qui accompagnent ce mélange des genres, être attentif à leurs réceptions!

    DL raconte comment il a pris le risque d’une nouvelle forme en commandant une pièce par correspondance à W.Forsythe lorsqu’il dirigeait le CCN de Tours. Il pense que l’expérience du pouvoir est aussi une manière de réinventer d’autres manières de travailler le lien et que le travail sur le pluridisciplinaire est fait de manière singulière par chacun.

    PB pose la question de la production et de la diffusion en rapport à un territoire. Il parle de la rencontre avec le public et le territoire et du fait qu’un lieu est aussi un endroit d’échange avec les autres artistes et qui peut contribuer à leur visibilité.

    CH : les modalités, la temporalité et le partage des lieux de production et de fabrication ne seraient-elles pas à revoir ? Le sens d’un projet relie les gens entre eux. Le contexte présent nous oblige à questionner plus directement les formes, les outils, l’essence même de nos actes.
    Rejoignant DL, DD rappelle que la question de l’artiste dans un lieu est essentielle. Il en faudrait dans toutes les équipes de lieux culturels (CDC, théâtres municipaux…)
    En réponse à CH, il pense qu’il est important que le public ait accès à la fabrication, et à la pratique des œuvres, sans pour autant qu’il devienne créateur d’objet artistique.

    DL rappelle que l’on est toujours en train de se justifier, de montrer ce qu’est la danse. Il faut toujours prouver. Dues à la précarité, les pratiques sont en train de changer. Il faudrait partager les savoirs plus tôt dans l’éducation et aussi chez les politiques. Il lance le défi de former les élus à la culture de la danse, ce qui semble une utopie à PB.
    Témoignage dans le public du directeur du théâtre Golovine qui va arrêter pour devenir interprète, tant il trouve difficile de mener les deux fonctions de front.
    Une personne du public pose la question de la formation du danseur et de sa spécificité.

    DL lui répond qu’il y a toujours une confusion entre le danseur et le chorégraphe et qu’il serait important de donner accès aux enfants aux écritures chorégraphiques, ce que reprend DD en mettant un bémol, car l’école est un lieu qui exclut la singularité.


    Question : Pourquoi, à leur avis, les chorégraphes ne dirigent pas de lieux pluridisciplinaires ?

    DL ne souhaiterait pas être en compétition avec d’autres artistes, il pencherait pour un lieu qui permettrait des expériences d’artistes quitte à ne pas aller dans le sens conventionnel de l’institution.

    DD insiste sur le fait que nous sommes trop gentils ! Les chorégraphes ont du mal à se faire entendre, à se rassembler. On intègre un certain nombre de complexes qui font que nous ne nous sentons pas légitimes et que nous ne nous défendons pas assez !

    CH parle de comment l’interconnexion se réinvente. Il travaille à la co-habitation, dans les différents espaces de travail du laboratoire dans les Parages. Il prône la capacité à travailler dans l’égalité dans un lieu. C’est possible dans une petite équipe. Son lieu est mis à disposition par la ville de Marseille. C’est aussi le fait d’être intermittent qui donne la forme esthétique et politique des propositions qu’il fait.

    PB pose la question de QUI est l’auteur d’un spectacle ? Il souligne qu’il n’y a pas d’auteurs qui dirigent des lieux, mais des metteurs en scène qui sont directeurs de compagnie.
    Tous déplorent le cumul des mandats de direction de lieux, comme étant contre productif.
    L’idée de réinventer la démocratie émerge.

    DD cite Jean Vilar qui remarquait qu’il y a des situations où, même si l’artiste est engagé, il y a une responsabilité citoyenne à ne pas oublier, dont il faut que chacun s’empare.


     

    * ANNEXES

    Introduction Micheline Lelièvre et extrait de texte de Pierre Michel Menger:

    Parce qu’il me semble qu’il ne faut pas subir, mais qu’il faut agir, je pense qu’il est nécessaire de s’appuyer sur une pensée fondamentale, même s’il faut la remettre en question régulièrement, aussi j’ai trouvé dans ce(s) court(s) texte(s) extrait(s) du Portait de l’artiste en travailleur de Pierre Michel Menger, sociologue, quelques pistes de réflexion sur le fait que l’artiste pourrait bien être une sorte « d’incarnation possible du travailleur du futur ». Et le créateur, en l’occurrence ici, chorégraphe, comment s’empare t’il ou non de la direction d’un lieu pluridisciplinaire ? ML

    … l’hypothèse de départ (de cet essai) est que, non seulement les activités de création artistique ne sont pas ou plus l’envers du travail, mais qu’elles sont au contraire de plus en plus revendiquées comme l’expression la plus avancée des nouveaux modes de production et des nouvelles relations d’emploi engendrés par les mutations récentes du capitalisme. Loin des représentations romantiques, contestataires ou subversives de l’artiste, il faudrait désormais regarder le créateur comme une figure exemplaire du nouveau travailleur, figure à travers laquelle se lisent les transformations aussi décisives que la fragmentation du continent salarial, la poussée des professionnels autonomes, l’amplitude et les ressorts de l’inégalité contemporaine, la mesure et l’évaluation des compétences ou encore l’individualisation des relations d’emploi….
    C’est dans les paradoxes du travail artistique que se révèlent quelques unes des mutations les plus significatives du travail et des système d’emploi moderne : fort degré d’engagement dans l’activité, autonomie élevée dans le travail, flexibilité acceptée, voire revendiquée, arbitrages risqués entre gains matériels et gratifications souvent non monétaires, exploitation stratégique des manifestations inégalitaires du talent…
    Portrait de l’artiste en travailleur de Pierre Michel Menger, p. 8

  • Chorégraphe aujourd’hui, ma vision de la situation

    Chorégraphe aujourd’hui, ma vision de la situation

    Quand j’ai commencé à chorégraphier, chacun(e) montait ses projets quand il était prêt, nous dansions les un(e)s pour les autres, nous nous invitions à présenter nos pièces, toujours courtes, dans des programmes partagés. Puis le temps des subventions est arrivé. Chaque chorégraphe a créé sa propre compagnie, en tant qu’auteur et directeur, et chacun(e) a défendu son travail en concurrence avec les
    autres. C’est un résumé quelque peu rapide, mais qui correspond à ce que j’en garde comme souvenir et surtout qui m’amène à envisager la suite. Il est devenu l’usage de penser qu’un auteur = une compagnie. Il y a donc un glissement sensible qui s’est effectué et qui fait que le directeur et l’auteur sont les
    deux facettes du même métier, du moins c’est ce qui semble la règle, celle qui va permettre une reconnaissance, qu’elle soit publique ou/et financière. (Nous parlons même des trois métiers du chorégraphe puisque celui-ci est souvent interprète dans ses propres pièces)
    Les chorégraphes sans compagnie, travaillant à la commande ou de manière indépendante sont considérés comme des marginaux au pire, au mieux comme des auteurs « à part ».

    Or, il me semble qu’il y aurait d’autres manières de se dire chorégraphe, de se penser auteur, que celle associée à directeur de compagnie.

    Chorégraphier, c’est écrire des danses, c’est une manière d’organiser le temps, l’espace, les relations des humains entre eux et avec l’environnement, de gérer des qualités, de mettre en relation, de créer des univers….

    Il serait donc possible, dans cette perspective, de rechercher des paradigmes différents que celui d’auteur/directeur pour reconnaître la place de l’auteur, voire de l’accompagner dans son cheminement.

    Il serait alors sans doute intéressant de mener une enquête, des entretiens, des rencontres pour envisager avec divers chorégraphes, de quelle manière ils se sentent auteur, quelque soit leur activité.
    Comment et pourquoi se perçoit-on chorégraphe lorsque l’on mène un atelier dans
    une maison de retraite, un collège, …. ?

    Le chorégraphe est-il celle ou celui qui produit une oeuvre ou celle ou celui qui œuvre de manière particulière, qui a un regard spécifique sur le monde ?
    Qu’est-ce qui distingue sa manière de penser, d’agir, de concevoir, de construire, d’entrer en relation avec les autres ?

    Du coup, est-ce qu’une œuvre est un produit ou une manière de vivre, une relation particulière au monde qui peut prendre des formes d’apparaître diverses, variées, complémentaires et toutes aussi indispensables et cohérentes les unes que les autres ?

    En tous cas, en ces temps troublés, je pense qu’il est grand temps de réfléchir, de nous fédérer dans toute notre richesse pour envisager l’avenir avec créativité….

    Micheline Lelièvre, coprésidente de Chorégraphes Associés.
    15 août 2014

  • Rencontre à Sedan 2014

    Rencontre à Sedan 2014

    Rencontre à Sedan pendant le festival Mouvement de Rue septembre 2014

    Le Syndicat Chorégraphes Associés participe au Festival Mouvements de Rue 2014.

    Nous invitons tous les artistes présents au festival à venir partager un temps de danse: moment chorégraphique que nous construisons ensemble, un temps singulier d’échange et de partage, une rencontre autour de ce qui nous rassemble mais aussi autour de ce qui fait nos différences donc notre richesse…

    Venez nous rencontrer, danser avec nous, parler avec nous, construire avec nous…

  • Disparition de Bertrand D’At

    Communiqué de presse édité le 05/07/2014

     

    Chorégraphes Associés a pris connaissance, avec une grande tristesse, de la disparition prématurée de Bertrand D’At.

    Directeur du Ballet du Rhin pendant une quinzaine d’années, il était une figure majeure de la danse en France.

    Chorégraphes Associés présente ses pensées les plus sincères à tous ceux qui lui étaient proches.

    Un chorégraphe qui s’éteint, c’est une étoile de moins au firmament de la danse.

  • Communiqué de presse, Mieux vaut tard que jamais

    Communiqué de presse, Mieux vaut tard que jamais

    Communiqué de presse, édité le 24/06/2014

    Le premier ministre, lors d’une conférence de presse, a fait plusieurs annonces importantes pour notre secteur :

    • L’état validera l’accord sur l’assurance chômage tout en prenant en charge le différé d’indemnisation jusqu’à la fin des travaux d’une nouvelle mission.

    Celle-ci est chargée de remettre à plat le système de l’intermittence avec l’ensemble des acteurs concernés.

    • La compensation du « différé d’indemnisation » ne serait pas pris sur le budget de la culture dont les crédits seront maintenus jusqu’en 2017.

    Tout cela va dans le sens de l’apaisement et nous saluons les prises de positions du gouvernement qui cherche (enfin!) à trouver des solutions pour le monde de la culture.
    On peut alors se demander pourquoi avoir attendu la fin de la négociation pour intervenir?

    Au début de celle-ci, le MEDEF campait déjà dans une provocation indigne rendant l’intermittence responsable de l’ensemble du déficit de l’UNEDIC. Les déclarations insultantes faites sur les intermittents « fainéants-profiteurs-voleurs » nourrissaient un sentiment de ras-le-bol général des professionnels du spectacle. La période des festivals approchant, les manifestations ont cédé rapidement la place aux grèves. Inéluctablement… Le système d’assurance chômage permet une survie pour une partie des artistes et des techniciens. Comme notre système de santé, il est imparfait et comme lui, le monde entier nous l’envie. Les auteurs ne peuvent produire leurs œuvres sans les acteurs de la création.

    Le syndicat Chorégraphes Associés reste donc mobilisé avec l’ensemble du secteur artistique pour faire évoluer les annexes 8 et 10 dans le système de l’assurance chômage. Les auteurs sont encore une fois disposés à faire des propositions en ce sens.

    Le syndicat Chorégraphes Associés appelle tous les acteurs chorégraphiques à rester vigilants quant à l’évolution de cette situation qui nous concerne tous.

  • Chorégraphes Associés soutient Steven Cohen

    Communiqué de presse, édité le 22/05/2014

    Au pays des Droits de l’Homme et de la Liberté d’expression, Chorégraphes Associés s’inquiète du procès qui est fait au chorégraphe Steven Cohen. Pénaliser un acte performatif artistique, clairement identifié comme tel, c’est aller à l’encontre de cette liberté et une entrave à la création artistique.

    Rappel des faits: le 24 mars le chorégraphe Steven Cohen comparaissait pour répondre du chef d’exhibition sexuelle, suite à sa performance sur l’esplanade du Trocadéro, il a été condamné à une amende de mille euros. Il lui est reproché de ne pas avoir demandé d’autorisation…

  • Formation du chorégraphe, débat au CCN de Montpellier 2014

    Formation du chorégraphe, débat au CCN de Montpellier 2014

    • CCN Montpellier, dans le temps du festival Montpellier Danse et avant la fin de la formation annuelle E.x.er.ce

    ccn

    Vendredi 27 juin 10h00-17h30

    Horaires : 10h-13h /pause déjeuner / 14h30-17h30

    Chorégraphes Associés
    est invité par le Centre Chorégraphique National de Montpellier et organisent deux débats: la formation initiale d’un auteur chorégraphe et la formation continue du chorégraphe

    LA FORMATION DU CHORÉGRAPHE

    • 10h00 •

    La formation initiale du chorégraphe

    * Présentation rapide des invités

    * Questions :

    – La formation initiale pour un chorégraphe : que cela veut-il dire pour vous ? (cela a-t-il une réalité selon vous?)

    – Quel contenu lui donneriez-vous?

    • Invités sous réserve de leur disponibilité:
    Sosana Marcelino, chorégraphe,
    Laurent Pichaud, directeur artistique du master ex.e.r.ce,
    Anne Kerzerho, directrice pédagogique du master ex.e.r.ce,
    Catherine Hassler, co-fondatrice d’ex.e.r.ce,
    Marc Vincent, chorégraphe
    Claire Rousier, directrice adjointe du CNDC d’Angers
    Hamid El Kabouss, chorégraphe – cie MIMH

    • 13h00 • PAUSE DÉJEUNER

    • 14h30 •

    Formation continue du chorégraphe

    Questions :

    – Quel est, pour vous, le contenu d’une formation continue ? De quoi auriez-vous besoin ?

    – Quels sont les moyens concrets mis en œuvre et les dispositifs existants à ce jour pour financer une formation continue?

    – La formation continue vous a-t-elle manqué tout au long de votre carrière?

    – Pensez-vous qu’elle soit nécessaire ?

    • Invités sous réserve de leur disponibilité:
    Mié Coquempot et Joanne Leighton, chorégraphes membres de la commission Agessa/SACD/Afdas
    – Agnès Wasserman, CND
    Véronique Perlès, SACD
    Claire Rousier, CNDC Angers,
    Jackie Taffanel, chorégraphe

  • Un chorégraphe peut-il être à la direction d’un équipement culturel pluridisciplinaire? Table ronde en Avignon 2014

    Un chorégraphe peut-il être à la direction d’un équipement culturel pluridisciplinaire? Table ronde en Avignon 2014

    • Avignon – Cloître Saint Louis

    cloitre_avignon

    Lundi 21 juillet 16h00-18h30

    Table ronde accueillie par le Festival d’Avignon

    Un chorégraphe peut-il être à la direction d’un équipement culturel pluridisciplinaire? (Scène Nationale – conservatoire…)

    – Quel profil doit avoir un directeur?
    – Quelles sont les compétences requises pour cette fonction?
    – Comment équilibrer et articuler le travail d’auteur et celui de directeur?

    • Invités
    Daniel Larrieu, chorégraphe
    Didier Deschamps, directeur du Théâtre National de Chaillot
    Philippe Boronad, Cie Artefact, implantée au Carré à Ste Maxime
    Christophe Haleb, chorégraphe, cie La Zouze

    Modératrice Micheline Lelièvre, chorégraphe et membre du Conseil d’Administration du syndicat


    A NE PAS MANQUER!!!

    Deuxième débat, avec la SACD au Conservatoire
    • Mardi 22 juillet 11h -13h00 •

    CHORÉGRAPHE, TA GUEULE!

    Rencontre avec tous les chorégraphes présents au festival
    Chorégraphes Associés vous invite à l’OUVRIR autour de ces questions qui nous concernent TOUTES ET TOUS:
    – Quelle visibilité, quel avenir d’une part ?
    – Et quel engagement, quelle solidarité pour faire avancer cette profession?

  • Assemblée Générale 2014

    Assemblée Générale 2014

    à l’auditorium de la Maison des Auteurs – SACD à Paris

    ORDRE DU JOUR
    – Rapport moral & Bilan des activités 2013
    – Rapport financier 2013 et approbation des comptes de l’exercice 2013
    – Perspectives 2014
    – Election du Conseil d’Administration


     

    Chers chorégraphes et adhérents

    Le syndicat Chorégraphes Associés vous invite à son Assemblée Générale.

    Notre place de syndicat est de mettre l’ARTISTE, l’AUTEUR, au coeur de nos réflexions et de nos actions. Il est donc important de créer des liens, de nous rencontrer, de réfléchir ensemble, pour pouvoir AGIR
    ensemble. Nous devons, en tant qu’ARTISTES, AUTEURS, être force d’inventions, remuer les habitudes,
    soulever des questions, offrir des points de vue inattendus… Nous devons ne pas oublier l’enthousiasme,
    le sens d’entreprendre… Nous avons besoin de vous tous, de toutes vos forces vives. Et vos cotisations,
    soutiens financiers pour avoir quelques moyens de vous représenter et d’agir, sont indispensables au
    fonctionnement de Chorégraphes Associés.

    Ce temps de rencontres est un moment important où chaque adhérent peut rencontrer le Conseil
    d’Administration, être informé, découvrir les actions et les missions du syndicat. Votre adhésion vous
    permet de prendre part à la vie et aux actions de Chorégraphes Associés de différentes manières.

    Les adhérents, qui viennent de région, peuvent se faire rembourser une partie de leur frais de transport
    sur la base d’un billet prems. Nous contacter via le mail du syndicat.